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Arbre et Croix
Le haut plonge ses racines dans le bas

- Alexandre Grothendieck

Lucian Blaga (1895 – 1961), poète-philosophe transylvain :

Né à Lámkerék (Empire Austro-Hongrois) en 1895, doctorat en philosophie à Vienne (Autriche) en 1920, diplomate à travers l’Europe de 1926 à 1938, professeur à Cluj (Roumanie) de 1940 à 1948 puis marginalisé et persécuté par le régime communiste de Gheorghiu-Dej jusqu’en 1961 quand, très affaibli par ses tortionnaires de la Securitate, il mourra emporté par un cancer.

  

Ce grand poète de langue Roumaine, en quête existentielle, s’abreuve à la source de Spiritualité. Il nous fait remonter au temps où l’homme n’était pas encore mais seulement sur le point de devenir. Par son talent, sa sensibilité, sa subtilité, il dévoile une lueur sur une autre Dimension si obscure et si énigmatique, ce Rien que la raison ne peut expliquer mais que la magie des mots reflétant l’âme du poète peut suggérer. Ainsi, les textes de Lucian Blaga nous laissent entrevoir Celui qu’il appelle le "Grand Anonyme",le Mystère du Silence

Qui sommes nous ?

Deux oiseaux portés par le vent entre France et Roumanie qui se sont rencontrés à la croix d’un vieux chêne, enraciné entre ciel et terre. Nos initiales sont restées gravées dans l’âme de cet arbre comme un cœur dessiné par la main d’un enfant. Ensemble, nous avons cherché les pensées du poète à travers le ramage. Ensemble, nous les avons traduites en mémoire à celui qui écrivait :
   
Il existe un état de vegetatum supérieur. / L’âme de tout grand poète, avant qu’il ne soit né, / aspirait à devenir arbre / mais elle ne parvint qu’à devenir homme. / C’est pour cela que les pensées des poètes / ressemblent tellement aux fleurs.
   
Există o vegetare superioară. / Sufletul oricărui mare poet, înainte de a se fi născut, / dorea să devină arbore, / dar nu i-a reuşit să se facă decât OM. / Deacea gândurile lor / seamănă aşa de mult cu florile.

Ce qui est profond n'a pas d'éclat :

À l’inverse de Narcisse, qui passait son temps à contempler son image reflétée à la surface de l’eau, Lucian Blaga, penché sur une fontaine, écrivit : "Ce qui est profond n'a pas d'éclat".
Autrement dit et par contraposée, ce qui brille est superficiel et sans valeur. C’est toute la différence entre l’essentiel et l’accessoire, entre le vrai et l’apparence, entre l’authenticité des civilisations archaïques et la supercherie de nos civilisations du progrès technologique qui ont transformé l’Homme mature et sage - qu’était notre ancêtre - en homoncule juvénile et débile - que nous sommes devenus - (comme Friedrich Nietzsche en 1885 et Konrad Lorenz en 1940 l’avaient prédit).

Lucian Blaga - Philosophe du " Dor ", poète de l’âme :

L’essence d’un poème est dans ses mots. Il est donc intrinsèquement hasardeux d’en changer la langue sans risquer d’en vider la substance. Concernant Lucian Blaga, si attaché à la conscience mythique du peuple Roumain au point qu’il développa toute une philosophie sur une spiritualité propre à la Roumanie, il est pratiquement impossible de traduire littéralement ses poésies sans trahir la quintessence mème de sa pensée. Pour ma part, je ne m’y risquerai pas et je me contenterai d’écrire en Français ce que je ressens à leur lecture.

  

En particulier, il y a un mot Roumain parfaitement intraduisible dans notre langue et sur lequel repose, pourtant, tout l'univers Blagien : Il s’agit du mot " Dor ". Le concept qui lui est rattaché est pour nous insaisissable. Il se rapproche de la " Saudade " Portugaise, de la " Clivota " Slovaque, de la " Sehnsucht " Allemande. Ce n’est pas la nostalgie d’un souvenir concret de son enfance ou de l’attachement intime à un lieu, à ses " racines " réelles, ça c’est le " Heimat ", non, c’est un sentiment totalement subjectif, véhiculé par la culture d’une nation, par ses traditions, par son folklore, par sa musique populaire et qui est ancré dans l’inconscient collectif d’un peuple, d’une ethnie. On peut l’assimiler à une forme de " vague à l’âme ".

 

 La Doïna :

En Roumanie, ce " vague à l’âme " est transmis essentiellement par les danses et les mélodies populaires au rythme calme et ondoyant de la " Doïna " évoquant le " plaï " (petit plateau montagneux infiniment ondulé). De la même façon, le " vague à l’âme " Russe est plutôt influencé par des rythmes forts et ininterrompus sur des danses à ras le sol comme pour mieux coller à la steppe. 
Pour Lucian Blaga, le " Dor " représente " l’âme Roumaine ", la véritable essence originaire de son peuple. Selon lui, l’état de " Dor " constitue le noyau spirituel de l’existence organique du Roumain, ce qui signifie qu’un Roumain, attaché par son sang et par son " âme " à l’empreinte de son ethnie, s’identifiera pleinement au " Dor ". 

   
Et il va encore plus loin, à la recherche d’un espace mythique conservé en souvenir au plus profond de chacun. Il pense que "l’âme Roumaine" est formatée par une ballade ancestrale intitulée Mioriţa. Il définit ainsi ce qu’il appelle l’espace Mioritique qui constitue les structures spirituelles inconscientes du peuple Roumain. L’identité Roumaine serait donc rattachée à cet espace. Autrement dit, le Roumain vit, inconsciemment, sur le " plaï " et il ressent intensément la nostalgie de cet espace pourtant inaccessible, un peu comme un coin de paradis perdu dans son imaginaire.

Mioriţa  (L'Agnelle) - Chant ancestral du folklore Roumain :

Lucian Blaga pensait qu’une culture a besoin d'un puissant symbole spirituel pour propulser son identité à un stade majeur et il recherchait ce symbole totémique de "l’âme Roumaine" dans le folklore de ses ancêtres. Il y trouvait, " crucifié " dans les pages jaunies par le temps des manuscrits recueillis, un exceptionnel sentiment de l'éternité. Parmi tous les " vestiges " des légendes populaires, Blaga accordait une place d’honneur à l’une des plus belles ballades Roumaines : Mioriţa (Agnelle).

   
Cette ballade nous renvoie aux rituels Gètes dans un paganisme où se mêlent fatalité, résignation et acceptation sereine de la mort. La nature est omniprésente par le vent, les montagnes, les arbres, ainsi que le cosmos par le ciel étoilé mais, plus qu’une fusion métaphysique entre l’âme et ces éléments, c’est surtout " un attachement passionné à la terre " qui transparaît dans " Mioriţa " (cette mystérieuse communion avec la terre et les ancêtres qui dorment sous la terre, caractéristique des croyances du peuple Roumain archaïque et que Blaga appelle espace Mioritique).